Quand j’étais ado, j’écrivais pas mal de lettres à des inconnu·e·s.
J’écrivais une lettre, je la mettais dans une enveloppe, j’y notais « à toi l’inconnu·e qui passes », et je la laissais dans le métro, sur un banc, un peu n’importe où dans l’espace public.
Je ne sais plus trop ce que j’y racontais. Sûrement des états d’âme adolescents et des interrogations existentielles. Je sais juste que ça me faisait du bien de les écrire et aussi de me dire que peut-être, l’une ou l’autre atteindrait quelqu’un. Un genre de bouteille à la mer avec les moyens du bord quand on habite à Lyon, quoi.
J’avais créé une adresse mail en plus de ma boîte « amelimelo1988 » (eh oui), autrement plus poétique : lettresduneinconnue[@]hotmail[.]com, et je l’écrivais dans la marge, pour dire qu’on pouvait se lire là.
Et puis un jour…
J’y ai reçu un mail. Je me souviens de mon cœur qui avait cogné en voyant la ligne apparaître dans la boîte mail (une Inbox 0 avant l’heure !!!) Par contre, je ne me souviens plus vraiment du message en question, si ce n’est que l’homme qui l’écrivait me disait avoir attendu que ses lasagnes aient réchauffé avant d’ouvrir l’enveloppe pour faire durer le suspens. (Je pense à ça à chaque fois que je mange des lasagnes, aha.)
Et j’avais été touchée que lui l’ait été.
Aujourd’hui, ça me frappe, je me dis que c’est exactement ça que j’ai cherché à recréer en faisant du stop, des années plus tard. La magie de la rencontre impromptue. Tout ce qu’on remet au hasard.
Exactement ça aussi quand j’ai glissé, ce matin, ma carte de visite dans les livres que j’ai déposés dans la boîte à livres suite au tri de ma bibliothèque le week-end dernier.
Un besoin de jeu, de lien, d’émerveillement.
Et maintenant ?
Aujourd’hui, j’écris toujours des lettres à des (presque) inconnu·e·s : ce sont des newsletters, et à force de vous lire en retour, vous me devenez plus proches. J’y mets autant de soin et d’amour qu’à 15 ans mais moins de mélancolie sûrement. Hier j’ai reçu ce mail-ci : « Ta dernière lettre est super et en plus elle est roborative, merci beaucoup ; tu me donnes envie de continuer : à écrire, à faire des expériences, à vivre. » et mon cœur a cogné exactement comme quand j’avais quinze ans et que je jetais un dernier coup d’œil autour de moi pour vérifier que personne ne me voyait déposer la précieuse missive.