La semaine dernière, j’ai passé deux jours intenses et fabuleux en coaching. Premier jour, je suis bien détendue après une courte relaxation guidée par Anaelle Sorignet… qui nous propose ensuite un exercice de dessin intuitif de cinq minutes.
Un exercice créatif anodin (?)
Elle demande si la proposition est claire, et lance le chrono. Top départ aussi pour mon cerveau :
“Attends… Dessiner ? Là maintenant tout de suite ? Euuuuh. Mais dessiner quoi ? Comment ça, ce qu’on veut ? Mais je sais pas dessiner, moi ! Je suis nulle, en plus j’ai pas l’esprit pratique (il dit qu’il voit pas le rapport). Bon ok, j’ai qu’à faire un truc abstrait comme ça on ne pourra pas dire que ça ne ressemble à rien. Alors vas‑y, je me lance, on va commencer par le milieu de la feuille. Comment ferait Laura ? Et Anna ? Et Audrey ? Et toutes mes copines qui dessinent trop trop bien ELLES. Attends, merde, j’ai le droit de lever le crayon ou pas ? Est-ce qu’elle a dit que ça devait être en un seul trait ? Ohlala je sais plus, je vais avoir une mauvaise note. Amélie, t’es pas à l’école. Ah ouais.”
(La petite voix fait une pause de dix secondes environ.)
“Ouais mais QUAND MÊME, tout le monde va se rendre compte que je n’ai rien compris aux consignes et elles vont toutes me trouver nulle alors que elles, elles sont trop fortes et qu’elles vont dessiner des trucs canons. Et en attendant, j’ai l’air bête à dessiner sans lever mon crayon parce qu’en vrai, j’aimerais bien changer de couleur. Ah ouais mais euh est-ce qu’elle a parlé des couleurs ? Peut-être qu’on doit utiliser un seul crayon et que j’ai loupé cette partie-là ? Zut zut zut… purée, même quand je dessine des trucs abstraits, ça ne ressemble à rien, help.”
Honnêtement, heureusement que l’exercice ne durait que cinq minutes parce que la petite voix dans mon cerveau m’avait déjà quasi mise KO ! L’occasion d’une bonne séance de coaching juste après pour aller voir ce qui se jouait là
Coucou la petite voix
Pourquoi je vous raconte ça ? Parce que je sais, je SAIS, ce qui peut se passer pour vous quand je pose le cadre de l’atelier. Quand je dis qu’on va écrire. Pas de pression sur le résultat. Qu’on s’intéresse au processus. Je sais pourquoi le mot « désacralisation » est si fort pour moi. Pourquoi je tiens tant à rappeler qu’on n’est pas à l’école – même si moi, j’ai bien aimé l’école. Parce que je sais à quel point il peut y avoir la volonté de répondre dans les clous, d’ « avoir bon », de ne pas se tromper, de faire correctement, d’avoir trouvé du premier coup.
Mais trouver quoi au juste ? Sa voix ? Ses mots ? Sa façon de dire les choses, de délier sa langue, de transmettre des émotions ? Alors que comme pour tout, il y a tant de tâtonnements, d’ajustements, d’hésitations et de grands sauts…
Expérimenter sans cesse
Quand on est prof de FLE (français comme langue étrangère), on nous encourage à continuer à apprendre une langue pour se souvenir de ce que ça fait d’être en apprentissage, de bloquer sur un point de grammaire, de ne pas se rappeler un mot de vocabulaire vu pourtant quinze fois. Dans cet exercice de dessin, j’ai senti toute l’importance de continuer à expérimenter des pratiques artistiques (aha, je me fais violence pour accoler « artistique » au résultat de l’exercice), surtout si elles sont loin de nous, de nos évidences, de notre zone de confort.
Et vous, elle dit quoi, la petite voix ?
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Envie d’expérimenter l’écriture même si – surtout si – vous en avez peur ? Jetez un œil aux prochains ateliers d’écriture, en ligne ou en présentiel. Hâte de vous y retrouver pour apprivoiser la petite voix du cerveau ensemble !