Quand je me retrouve à expliquer mon activité à quelqu’un, je dis souvent que j’anime des ateliers d’écriture parce que “les mots sont un outil de pouvoir” : quand on les maîtrise, on est plus fort·e, on a plus de crédibilité auprès des autres, on est plus entendu·e·s. Mais ils constituent un pouvoir aussi pour soi-même…
Dans cette période troublée, je vous propose une expérience qui montre sacrément bien le pouvoir des mots.
Ma (re)découverte de la Communication NonViolente
Ces dernières semaines, j’ai commencé à me former à la Communication NonViolente. C’est une approche que j’ai découverte il y a maintenant une dizaine d’années, et que j’ai toujours essayé de mettre au maximum au cœur de mes relations – avec mon amoureux, notamment. Ces derniers mois, j’ai souhaité expérimenter une pratique vivante et vibrante, en mouvement, me re-confronter à la théorie, et rencontrer d’autres personnes sur le même chemin.
Le premier stage m’a donné élan et envie d’aller plus loin, m’a fait découvrir que la CNV était infiniment plus que ce que je savais d’elle (principalement ses 4 étapes : observation, sentiments, besoins, demande). J’aurais mille choses à partager sur cette formation (dites-moi en commentaire si jamais ça vous intéresse que j’en parle dans d’autres contenus), mais c’est surtout sur un exercice qu’on a fait dans le groupe de pratique quelques jours plus tard que je voulais revenir.
Un exercice de CNV pour reprendre le pouvoir grâce aux mots
Il consistait à :
— Lister 3 à 5 choses qu’on fait dans notre vie parce qu’il *faut* les faire, mais qu’on effectue sans envie, sans joie, sans pétillements… Dont on se passerait bien, quoi ! Ces phrases commencent par « Je dois » ou « Il faut que… ».
— Remplacer dans la phrase le « Je dois » ou le « Il faut que » par « Je choisis de », compléter ensuite par « parce que je veux… » et terminer librement, en écriture quasi-automatique.
— Transformer le « parce que je veux » en un besoin type CNV. En CNV, les besoins sont, en gros, immatériels (on n’a pas besoin de chocolat, on a besoin de réconfort), et au service de la vie (on n’a pas besoin de se battre, on a besoin de se défouler), entre autres caractéristiques.
— Lire à voix haute les deux phrases et voir ce que ça fait dans le corps : est-ce que ça change ? Est-ce que ça bouge ? Qu’est-ce qu’on ressent ?
Le pouvoir des mots au temps du #Coronavirus
J’ai repensé à cet exercice hier, quand après avoir regardé une vidéo sur la situation en Italie, je me suis dit : « Ces prochains jours, il faut que je reste au maximum chez moi. »
Dans le corps, ça fait grrrrmpppf, le ventre un peu serré, les sourcils qui se froncent et la moue boudeuse, parce que déjà que la travadrouille en Normandie est annulée, comment ça va être si on ne peut même plus chanter à la chorale, goûter avec M. dans notre café préféré et aller pleurer dans une salle de ciné ? Bon. Et là, tilt, l’exercice de CNV !
Alors, on y va :
« Ces prochains jours, je choisis de rester au maximum chez moi parce que je veux que tout ça finisse le plus vite possible, ne contaminer personne, limiter les risques, rester en bonne santé et en vie. »
Les besoins CNV dans ce cas-là, ça pourrait être :
— que tout ça finisse le plus vite possible : besoin de normalité, de préservation du temps et de l’énergie
— ne contaminer personne : besoin de contribution au bien-être de l’autre
— limiter les risques : besoin de sécurité
— rester en bonne santé : besoin de respect de soi, de contribution à son propre bien-être, d’abri
Ok, si je relis ma phrase avec les besoins qui me parlent le plus, ça donne : « Ces prochains jours, je choisis de rester au maximum chez moi parce que j’ai besoin de préserver mon énergie, de contribuer à mon propre bien-être et à celui des autres, j’ai besoin d’un abri et de sécurité. »
J’attends pour voir ce que ça fait dans mon corps (pour l’instant, c’est ma grosse difficulté… sentir avec le corps plutôt qu’avec la tête ???! C’est possible, ça ?? uuuuh). Ça fait : la mâchoire qui se desserre un peu, les côtes qui s’écartent, ça respire plus vaste, et le ventre se dénoue.
En changeant simplement ma façon de formuler, je reprends la responsabilité de mes actions. Je ressens moins ça comme quelque chose de subi : finalement, limiter les sorties hors de chez moi, ça remplit plein de mes besoins aussi !
La photo, c’est mon judas. Vous aussi, vous le voyez, le petit bonhomme étonné, tout surpris de me voir m’approcher de l’entrée, ou plutôt, de la sortie ? Comme une façon de me re-questionner à chaque fois : Est-ce que cette fois-là, passer la porte, c’est vraiment la meilleure option ? (Et parfois oui !)
Prenez soin !