Hier, j’avais mon amie Hanneton au téléphone et on parlait des casseroles qu’on traînait, parfois pendant/depuis plusieurs années. Quelques heures plus tard, je discutais avec mon amoureux d’organisation logistique et on constatait qu’ajouter une ou deux casseroles dans les placards de notre cuisine pourrait être une bonne idée.
L’association libre
Et donc, cette nuit, j’ai, très logiquement, rêvé d’un set de casseroles (pleines de soupe potimarron-coco) que j’allais acheter et que je ramenais à la maison accrochées à ma cheville (comme le boulet aux fantômes, ça, ça devait être pour la touche Halloween) en faisant un tintamarre pas possible dans la rue déserte (et en mettant de la soupe partout). Je te raconte ça un peu pour te faire sourire (ça marche ?) et beaucoup parce que ça illustre bien le fonctionnement de la créativité.
En fait, l’association libre de mots et d’idées parfois ubuesque qu’on fait en rêve, c’est exactement ce qu’on essaie de reproduire lorsqu’on écrit, en atelier ou non. C’est atteindre ce niveau où on se lâche soi-même la grappe, où on renvoie la petite voix qui juge au fin fond du placard (avec les nouvelles casseroles) et où l’on se met à faire, créer, imaginer ce qu’on a à faire, créer, imaginer.
Le binôme imaginatif : le concept
Parmi mes bouquins fétiches autour de la créativité et des ateliers, il y a Grammaire de l’imagination, de Gianni Rodari. Il y développe l’idée du “binôme imaginatif”. Il raconte qu’en classe (il est enseignant), il propose à un enfant de donner un mot. “Chien”. Ça ne fait rire personne. C’est bateau, un chien. Si par contre, il demande à deux enfants de donner chacun un mot… Après avoir eu “chien”, on déplie le tableau pour voir le deuxième mot choisi : “armoire”. Rodari explique qu’à chaque fois, la découverte de ce deuxième mot provoque l’hilarité générale, quel que soit le mot en question. Simplement parce que le binôme va secouer l’imagination : chien et armoire, qu’est-ce que ça peut alors donner ?
Un chien qui transporte une armoire ?! Mais qui que quoi hein pourquoi, il va où d’abord, avec ?
Un chien qui a élu une vieille armoire comme niche ? Mais elle sort d’où ? C’est confortable ?? Un peu trop grand, peut-être ?
Un chien qui se cache dans une armoire ? Pourquoi doit-il se cacher ? C’est un jeu ou c’est sérieux ? Qu’est-ce qu’il vient de se passer ?
À l’envi.
J’adore cette idée du binôme imaginatif, je la trouve tellement joyeuse et puissante.
Alors dans cette période où tu te sens peut-être démuni·e, fatigué·e, à bout de ressources (nooon, je projette pas du tout, je ne vois pas de quoi tu parles 🙈), je te propose un binôme imaginatif pour retrouver de l’élan. Ici, tu trouveras un générateur de binômes. Si tu préfères, tu peux aussi prendre le livre le plus proche de toi et l’ouvrir à deux endroits différents pour en extraire deux mots.
Quand tu les mets ensemble, qu’est-ce que ça donne ?
Quelles portes ça t’ouvre ?
Quelles histoires, quelles idées, quelles façons de prendre soin de toi ça te suggère ?
Et si tu as envie de me raconter, n’hésite pas, je serai heureuse de te lire.
Un exemple de binôme imaginatif
De mon côté, j’ai eu “menottes” et “cicatrice”, je vais donc de ce pas :
- mettre de la crème sur les mains parce que le gel hydro-alcoolique n’est pas leur meilleur ami ;
- rajouter dans la trame de mon roman un épisode d’une chute de mon personnage enfant, qui aura laissé bien des traces à l’âge adulte (à suivre…).
Psst, cet article a d’abord été publié sous forme de newsletter le 5 novembre 2020. Envie d’en recevoir plus dans ta boîte aux lettres ?