Dans les ateliers d’écriture, un des freins évoqués qui revient souvent est la peur du manque d’originalité dans les textes qu’on produit. Manquer d’originalité par rapport à d’autres textes qu’on a écrits plus tôt, mais aussi par rapport à LA littérature (la grande la noble la vraiiie) : “oui mais ça a déjà été écrit, réécrit, dit, redit, rabâché.” “Ça” ? Des histoires d’amour, de mort, de départ, de chez soi, de filiation, de dispute, de découverte de soi, ad libitum. Ben oui, c’est vrai, des histoires comme ça, il y en a des tas. Est-ce pour autant une raison suffisante de ne pas écrire les vôtres, celles qui vous trottent dans la tête et dans le ventre ? (Avouez, vous vous doutez bien que je vais répondre non).
Ma botte secrète contre le manque d’originalité
Je ne vais pas aligner les arguments pour ça, mais je voudrais plutôt partager une anecdote à ce sujet. Une anecdote et une chanson. “Les cent pas” est une chanson d’un groupe que j’aime beaucoup : Des Fourmis Dans les Mains. Je l’ai découvert en 2012, quand j’étais bénévole dans un fabuleux petit lieu culturel lyonnais (une autre vie), et c’est depuis ma botte secrète quand j’ai l’impression d’écrire quelque chose qui a déjà été écrit - non, à vrai dire, j’écris toujours des choses qui ont déjà été écrites (mais avec ma propre voix blabla CQFD), mais disons, plutôt, à chaque fois que cette impression devient insupportable. Genre : quand la petite voix s’affole pour venir crier dans mes oreilles des trucs comme : “booooring, déjà vu déjà dit chiant chiant chiaaaant va plutôt étendre une lessive” (#petitevoixmégasympa).
Quand la petite voix est là, je pars réécouter cette chanson.
Pourquoi elle me fait du bien :
- Laurent Fellot, le chanteur, annonce à un moment qu’il va compter jusqu’à 100 (déjà, rien que ça… cette liberté-là, j’adore.)
- Il… le… fait. Au début, tu te dis “il n’est pas en train de faire ça, quand même ?… Ah ben si…” C’est-à-dire que deux minutes complètes de la chanson sont passées à COMPTER (c’est fou ou c’est pas fou ? C’est carrément fou.)
- Et moi… j’attends ça avec un suspens dingue. À chaque fois. Depuis huit ans. Un suspens comme “ohlala, qu’est-ce qu’il va dire après, je me demande” (pour de vrai).
Cette chanson, à tous les coups, elle m’embarque. Alors que j’étais bien à quai, à me dire, “il va encore nous faire le coup de compter jusqu’à 100” (oui a priori Amélie, c’est le même enregistrement que la dernière fois, il risque de s’y passer les mêmes choses), et à chaque fois, à un moment, je ne sais pas, je suis en plein dedans, comme ensorcelée.
Alors si compter jusqu’à 100, ça peut provoquer ça comme émotions, on n’a plus tellement à se préoccuper de l’originalité de ce qu’on écrit, si ?
Allez, zou, bonne écriture 😉
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