Ce n’est pas très souvent que je partage ici des textes que j’ai moi-même écrits, mais celui-ci sur les rêves d’autrices est né en atelier et une participante m’a suggéré de le publier par ici (merci à elle !). Le voici 🙂 Et bien sûr, si vous avez envie de vous mettre en écriture, la proposition arrive juste après.
Rêves d’autrices : ce qui naît dans les ateliers
l’une voulait aller au bout de ce fichu texte
l’une voulait ne jamais finir — parce qu’après quoi ?
l’autre rêvait de commencer quelque chose de nouveau
l’une voulait ne pas y laisser sa peau - je comprends pas pourtant ce ne sont que des mots
l’une voulait trouver un boulot alimentaire pour avoir moins de pression - je dois écrire tout le temps
l’autre voulait arrêter son boulot alimentaire pour donner une chance à son écriture - je n’ai jamais le temps d’écrire
l’une voulait écrire sans avoir besoin de retravailler
l’autre voulait être écrivaine sans avoir besoin d’écrire
l’une voulait se réparer
l’autre voulait se faire repérer
l’une voulait surtout qu’on ne la remarque pas - ce n’est pas moi qui compte, ce sont mes textes
l’une écrivait sans jamais s’imaginer écrivaine, peut-être à la limite, écrivante
l’autre voulait que tout le monde dise autrice
l’une voulait surtout qu’on arrête de lui poser la question
l’autre voulait des collaborations - c’est un métier tellement solitaire
l’une voulait publier sans que personne ne lui dise quoi faire
l’autre voulait se sentir libre d’écrire
l’une voulait se sentir libre en écrivant
l’autre voulait écrire pour se libérer
l’une voulait faire réfléchir
l’autre voulait juste raconter des histoires
l’une avait envie de mettre des dragons partout
l’une voulait s’essayer aux essais
l’autre voulait des pages blanches de toutes les couleurs
l’une voulait des carnets qu’elle remplirait - c’est bien beau les carnets vides, mais ça ne me fait plus rêver
l’une voulait trouver une maison d’édition qui porterait son roman
l’autre voulait une chambre à elle, une porte qui ferme
l’une voulait une résidence collective avec des personnes à qui parler
l’une voulait qu’on lui pose des questions sur son texte en cours
l’autre voulait qu’on la laisse tranquille jusqu’à la fin de son premier jet - quand on me parle du texte, il se débine
La proposition d’écriture
Ce texte est donc né dans un atelier d’écriture sur les rêves. Après avoir, dans un premier atelier, parlé des rêves qu’on faisait la nuit, on s’est consacré, dans le deuxième volet, aux rêves d’une vie, aux rêves en termes de projets pour le futur proche ou lointain.
Pour l’une des propositions, j’ai lu un extrait de Certaines n’avaient jamais vu la mer, de Julie Otsuka, où l’on découvrait des rêves d’enfants.
La proposition d’écriture était d’accumuler les rêves variés de personnes appartenant à une même catégorie de population (définie par exemple par sa tranche d’âge, son lieu d’habitation, son corps de métier, un trait de caractère ou une attitude…). En plus, il s’agissait d’ajouter parfois, en incise, des commentaires (chez Julie Otsuka, ils sont en italique), émis directement par la personne concernée. En effet, ces phrases-là permettent de donner de la chair au texte, et de faire entendre différentes voix.
Explorer les rêves des autrices
Afin d’entendre parler d’autres autrices, je ne peux que vous recommander les podcasts La page blanche et T’écris quoi en ce moment ? qui donnent le micro à des écrivaines qui y parlent de leurs rêves, de leurs textes et de leur processus créatif. Ce sont de précieuses sources d’inspirations et d’échos.
Et si vous avez envie de faire de la place à vos propres rêves d’écriture, vous pouvez commencer par vous abonner à la newsletter pétillante. De cette façon, vous recevez tous les quinze jours dans votre boîte mail une histoire qui vous pousse à faire de la place à votre créativité. À moins que vous n’ayez envie de nous rejoindre directement en atelier ? Et bien sûr, si la proposition d’écriture vous a mise en mouvement, n’hésitez pas à en partager le résultat dans les commentaires !