Pas plus tard qu’hier, j’anime un atelier d’écriture dans une classe de CE1 qui s’apprête à travailler sur la mer. Je les embarque donc dans un voyage imaginaire qui nous mènerait sur une île déserte… Dans une des propositions d’écriture, nous avons besoin de mots concrets et de mots abstraits. Ces deux termes sont obscurs (et abstrait est bien difficile à prononcer !) alors on explique. « Concret », c’est « ce qu’on peut toucher », et on liste plein d’exemples, le cahier, la trousse, la colle, le tableau, « oui, maintenant on sort de la classe ! », le lit, la voiture, l’oiseau. « Abstrait », c’est plutôt ce qui englobe les sensations, les sentiments, les qualités, les défauts, les idées… Les mots abstraits, on peut y penser mais on ne peut pas les toucher. À nouveau, des exemples à foison. Et puis chacun.e, depuis son île, part à la pêche aux mots. Je vais de table en table pour les aider. Petit à petit, chouette !, les mots mordent à l’hameçon.
Et à un moment, lire par-dessus une épaule gadoue dans la colonne des abstraits :
« Ben oui Amélie, la gadoue, on ne peut pas la toucher, sinon on se fait gronder ! »
Implacable vérité !