Depuis la mi-avril, j’anime des ateliers d’écriture avec des enfants de 5–8 ans dont le français est souvent la deuxième langue, autour de la littérature de jeunesse. Un album à chaque séance nous permet de nous lancer dans l’écriture (en dictée à l’adulte, individuelle ou collective). Je vous en avais déjà un peu parlé ici.
Mercredi, j’ai raconté sans livre : c’était le retour de l’histoire en origami.
Cette petite merveille a toujours un succès FOU auprès des enfants (auprès des grand.e.s aussi, en réalité), j’ai à chaque fois l’impression d’être une magicienne hors pair, alors qu’en vrai, j’ai juste passé deux heures sur Youtube un matin il y a quelques années pour apprendre à faire les pliages avec une amie — on avait d’ailleurs répété environ 47 fois la chance qu’on avait de pouvoir apprendre à faire ça un matin de semaine, ah oui, le #boulotpassion. Je modifie l’histoire en fonction du public et de mon humeur, et pour ne jamais m’ennuyer.
Dans ma version générale, c’est donc l’histoire d’un roi qui décide de quitter le pouvoir et de se débarrasser de sa couronne. Des années plus tard, son fils (ou sa fille hein) part à la recherche de la couronne en question, et croise sur sa route un canard, un renard, une otarie, une étoile de mer, il construit un, puis deux, puis trois bateaux, il affronte une tempête, il échoue sur une île, bref, il vit de nombreuses aventures avant de finalement mettre la main sur la couronne, mystérieusement déplacée au fond d’un coffre-fort…
Pour cette séance, avec ma collèguamie de choc Marie, on a fait dessiner aux enfants la suite de l’histoire. Puis, ils.elles m’ont raconté leurs dessins.
Extraits choisis :
Le moderne :
Il voit son papa, il lui dit : « J’ai trouvé la couronne ! ». Le papa dit : « Merci mon fils ». Il lui achète un I‑pod pour le remercier d’avoir trouvé la couronne.
Le visionnaire :
Mangouli rentre chez lui. Il voit sa maman. Elle est enceinte, elle va accoucher dans deux mois de cinq jumeaux en même temps. Quand les bébés seront moins bébés, le garçon leur racontera son aventure. Encore plus tard, les enfants partiront chasser des couronnes.
Le pragmatique :
Le garçon, après toutes les aventures pour trouver la couronne, il est pressé, il veut aller à la toilette ! Dans les toilettes, il trouve une belle princesse, Lisa. La princesse voulait se marier.
Le poétique :
Comme il avait trouvé la couronne, le ciel était tout comme un arc-en-ciel un peu caché.
Le féministe :
On peut dire que Mangouli, en fait c’était une fille ? Ok, merci. Donc. C’était Mangouli, une FILLE, qui avait trouvé la couronne. Elle la met sur sa tête, et ensuite, elle va voir son père. Elle dit à son père : « J’ai trouvé la couronne ». Son père lui dit : « Bravo ! Maintenant tu vas être reine. » Mangouli dit : « Moi, je suis contente d’être reine : à l’école, les gens vont me donner du café, les garçons vont m’obéir, et vont faire mes devoirs. Pendant ce temps-là, je peux jouer avec mes copines. »
Conclusion : faites des ateliers poésie avec les enfants, c’est bon pour le moral !